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Masterisation et formation des enseignants

3 questions à Frédéric REGENT, Secrétaire départemental de la FSU Guadeloupe

vendredi 30 janvier 2009, par Sandrine Stefkovic

Le SNES : La question du mastère est le fer de lance du gouvernement en ce qui concerne la « revalorisation » de la condition enseignante. Parallèlement, la FSU (et le SNES) revendique depuis longtemps une élévation du niveau de recrutement des enseignants et une amélioration de la formation et son contenu. Ces deux approches ne semblent pas contradictoires et, pourtant, la FSU s’insurge contre les projets actuels du mode de recrutement des futurs enseignants. Pourquoi ?

Frédéric REGENT : La FSU est favorable à l’élévation du niveau de recrutement des maîtres, mais pas dans les conditions dans lesquelles, il est préparé par le gouvernement. En effet, tout est fait dans la plus grande précipitation. On demandait aux universités des maquettes de mastère d’enseignement alors que nous ne disposions même pas du contenu des concours. Du coup, la date limite de renvoi des maquettes à été repoussée à deux reprises du 15 octobre au 31 décembre 2008, puis du 31 décembre au 15 février 2009, grâce à la vive protestation de la communauté universitaire. Désormais, nous connaissons, le contenu des concours proposés par le gouvernement, et là, on assiste à un affaiblissement du contenu disciplinaire au profit de la simulation pédagogique. Les étudiants qui passeront les concours n’auront plus à lire des ouvrages spécialisés, des thèses, mais devront se contenter de bachoter de médiocres manuels de prépa concours. On assiste là à une séparation du lien entre enseignement et recherche, alors que la mastérisation des concours aurait dû entraîner l’inverse. De plus, la formation se fait aux frais de l’étudiant, car il est placé à temps complet, dès qu’il a réussi le concours. La réforme en cours ne consiste qu’à faire le stage IUFM avant d’avoir eu le concours. C’est une économie pour l’Etat. De plus l’Etat se crée un vivier d’enseignants potentiels, cela nous étonnerait qu’il hésite longtemps à y puiser les futurs précaires de l’éducation. Sous couvert de revalorisation, la réforme a pour but de désinvestir dans l’éducation.
La réforme que nous souhaitons, c’est la mise en place de pré-recrutement pour permettre aux étudiants issus des couches sociales défavorisées d’accéder aux métiers de l’enseignement. Des mastères enseignement étroitement connectés à la recherche, le maintien d’un vrai stage professionnel avec des horaires très allégés, la sanction de l’ensemble de cette formation par la délivrance d’un diplôme de mastère, permettant à ceux qui souhaiteraient poursuivre leurs études d’accéder au doctorat. Le tout accompagné d’une revalorisation des carrières des enseignants.

Le SNES : Comment assurer une diversité (sociale, disciplinaire) dans l’accès à nos métiers lorsque l’on augmente le niveau de recrutement ?

Frédéric REGENT : Avec la masterisation, on risque d’assister à une diminution du nombre d’enseignants, fils d’ouvriers et d’employés. Pour ce faire, il faut mettre en place une politique de pré-recrutement au niveau licence, comme cela s’est déjà fait (IPES, allocations). Malheureusement, ce n’est pas dans cette voie là que s’engage le gouvernement. Cette réforme ne peut être un progrès qu’avec la mise en place d’un tel dispositif.

Le SNES : Dans le cadre de recrutement avec mastère, quelles structures de formation l’UAG devrait-elle mettre en œuvre ?

Frédéric REGENT : Tout d’abord, le SNESUP-FSU veut faire avancer le dosser mastérisation vers ses positions. Il demande un moratoire d’un an pour se donner le temps d e la réflexion avec un cadrage national des mastères d’enseignement. De ce fait, le SNESUP appelle à bloquer l’envoi des maquettes des diplômes au ministère. Les plus grandes universités, ont déjà pris cette décision, l’UAG doit faire de même. L’UAG devra mettre ensuite en place, les formations permettant la meilleure réussite possible des étudiants. Face aux départs massifs à la retraite, la préparation d’une relève est un enjeu majeur de notre université. Pour cela, elle doit mettre en place une politique de recrutement des meilleurs formateurs à la réussite des concours. Elle doit conserver les meilleurs étudiants. En somme, l’UAG doit devenir plus attractive.