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Déclaration liminaire de la FSU Guadeloupe CAEN du 30 septembre 2021

jeudi 30 septembre 2021, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Monsieur le Préfet, Madame la Rectrice, Monsieur le Président de région, Monsieur le président du Conseil départemental,

Après plus de 18 mois d’une gestion chaotique de l’école due à la pandémie, les élèves et les enseignants de notre académie étaient dans l’attente de moyens et orientations claires permettant une scolarité la plus sécurisée et menant à la réussite de tous.

Nous nous souvenons que le 20 août 2021, Mme la Rectrice a annoncé, en dépit d’une situation sanitaire très dégradée, que la rentrée scolaire serait maintenue. Une semaine a donc été perdue dans la préparation de celle-ci, car il a fallu tout ce temps pour prendre en compte les réalités sanitaires de la Guadeloupe et renoncer à une reprise qui aurait mis en danger les personnels comme les élèves.

La FSU Guadeloupe espérait le classement de l’académie en Éducation Prioritaire pour concrétiser une politique éducative ambitieuse s’appuyant sur les conclusions de sous dotation en REP+ de la mission parlementaire et de celle de l’inspection générale (2 fois moins qu’en métropole, 4 fois moins qu’en Martinique, 6 fois moins qu’à la Réunion et 20 fois moins qu’en Guyane). La FSU espérait davantage de postes grâce à sa demande en CHSCT ministériel d’un collectif budgétaire afin qu’un plus grand nombre d’enseignants puisse prendre en petits groupes les élèves, ce qui aurait permis notamment la distanciation physique nécessaire pour un enseignement en présentiel.

Nous espérions également le recrutement des listes complémentaires pour faire face aussi aux nombreuses absences des collègues mis en isolement, en situation de vulnérabilité. Nous espérions le retour de tous les stagiaires formés en Guadeloupe et affectés dans l’hexagone, laissant de fait de nombreuses classes sans enseignants notamment dans des matières déficitaires. Nous espérions plus d’infirmières scolaires et d’assistants sociaux pour la prise en charge des trop nombreux élèves en grande détresse suite à la surmortalité qu’on connaît depuis fin juillet 2021.

Depuis le 20 août 2021, sous les injonctions de l’ARS et du préfet, les représentants des personnels, les élus et représentants de parents d’élèves ont travaillé pour l’élaboration d’un protocole qui répondait aux impératifs sanitaires tout en ne laissant pas les élèves sans prise en charge pédagogique. Nous aurions pu espérer que vous le fassiez respecter et pourtant des IEN et des chefs d’établissement ne se sont pas gênés pour le contourner. Pire, de nombreux collègues, soucieux d’appliquer nos directives se sont vus menacés de retrait de trentième si d’aventure ils ne se présentaient pas dans des établissements qui pourtant étaient clos pour des raisons sanitaires.

Aucune garantie en matière sanitaire, des écoles délabrées, sans eau, sans savon, infestées de rats, sans ordinateurs, sans couverture numérique, des classes à plus de 32° dès 9 heures du matin, un système de restauration défaillant… Mais aujourd’hui, pour faire face à cette pandémie qui met à mal notre système éducatif, vous nous présentez pour seule arme, une proposition de modification de calendrier scolaire, avec un rattrapage contraire au bon sens, qui ne répond nullement aux enjeux de l’école en Guadeloupe. Vous semblez nier l’essence même d’un calendrier scolaire.

Pour rappel, l’architecture scolaire a une fonction éducative. Elle est un élément indispensable de la pédagogie, contribue à la transmission des connaissances et à la découverte des cultures et favorise le développement de l’autonomie et de la sensibilité artistique des élèves. Il est donc fondamental de respecter au mieux les périodes de travail entrecoupées des périodes de repos. Modifier cette architecture est donc contre-productif.

Par ailleurs, vous niez de fait l’investissement, le travail et l’engagement des enseignants, des personnels d’éducation, des personnels administratifs et techniques qui sont dans les établissements depuis fin août.
Vous faites fi de l’engagement des collègues qui très rapidement se sont portés volontaires pour assurer l’accueil des personnels essentiels à la gestion de la crise sanitaire.

Les enseignantes et les enseignants ont été convoqués dès le 6 septembre pour organiser la rentrée en distantiel mais c’est depuis le 26 août qu’ils modifient leurs progressions et supports pédagogiques. Encore aujourd’hui, vous n’avez pas annoncé de date pour la fin du niveau 4 les laissant dans le brouillard le plus complet. La situation sanitaire actuelle et les possibles périodes difficiles nécessitant de probables confinements demandent donc de la stabilité et une capacité à se projeter sereinement.

Pour le respect des parents et des enseignants qui se sont déjà organisés au regard du calendrier scolaire adopté l’an dernier, pour le respect des élèves qui méritent une véritable prise en charge pédagogique, pour le respect des collègues qui se donnent sans compter depuis plus de 18 mois, la FSU Guadeloupe ne peut accepter de cautionner cette parodie de rattrapage scolaire.

Cette décision incongrue aussi exagérée qu’inopérante a définitivement fait comprendre aux enseignants qui en doutaient encore qu’ils n’ont plus rien à attendre de vous. Le mépris que vous êtes en train d’afficher à leur égard, à ne pas en douter, vous sera renvoyé, madame la Rectrice, tôt ou tard.

La FSU se prononce contre votre proposition de modification de calendrier scolaire et se tiendra auprès de personnels pour faire respecter leurs droits notamment en matière d’obligation de service.

Elle se tiendra aussi auprès des élèves et des parents d’élèves qui attendent une véritable politique permettant la réussite de tous.

Les élus de FSU Guadeloupe au Conseil Académique de l’Éducation Nationale