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Déclaration liminaire du SNES-FSU Guadeloupe à la CAPA recours et avancement d’échelon du 1er juillet 2021

vendredi 2 juillet 2021, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Madame la Rectrice,

Cette CAPA se tient en visioconférence pour des raisons sanitaires. Cependant, nous dénonçons votre choix, car les raisons sanitaires semblent être à géométrie variable, selon ce qui vous arrange !

Quand il s’agit de rattraper vos errements sur Saint-Martin, il n’y a plus de restrictions sanitaires qui tiennent, mais quand il s’agit de venir discuter avec les organisations syndicales concrètement, vous instrumentalisez les conditions sanitaires pour vous cacher derrière une visioconférence qui empêche tout débat, et génère une violence symbolique extrême !

Dans les établissements scolaires, toutes les réunions se tiennent dans les établissements sans limite de personne ni distanciation. À priori, personne n’en a que faire de votre que faire… D’ailleurs est-il encore d’actualité ?

Cette CAPA se tient encore cette année et nous en profitons pour dénoncer les conséquences insupportables de la suppression du paritarisme ! Nous tenons ici à dénoncer la manière dont vous, Madame la Rectrice, avez maltraité les collègues qui se sont adressés à vous, durant les opérations du mouvement. Le ton arrogant, méprisant de vos réponses aux collègues qui cherchaient à comprendre une circulaire pas toujours très claire est une véritable insulte à la profession ! Nous dénonçons aussi les pressions que vous exercez, madame la Rectrice pour que les collègues ne formulent pas de recours assistés par les organisations syndicales, mais se contentent d’une révision d’affectation qui vous permet, à l’abri des regards, en toute opacité d’organiser un clientélisme tout simplement insupportable !

Votre choix de l’opacité jette le doute sur l’ensemble des opérations du mouvement ! Pire, le maigre document que vous avez publié est incomplet et faux ! Votre absence de réponse systématique à l’ensemble de nos questions jette le doute sur vos pratiques ! Nous rappelons ici, que malgré nos démonstrations, vous avez fait le choix de passer en force et d’organiser des injustices plutôt que de reconnaître vos erreurs !

Nous profitons aussi de cette CAPA, puisque vous ne répondez à aucune de nos interpellations, pour dénoncer votre désorganisation volontaire du baccalauréat. Le grand oral tout d’abord. Entre les collègues convoqués par le rectorat à l’autre bout de l’académie pour s’entendre dire en arrivant que l’on a pas besoin d’eux (lycée de Port Louis en provenance de Basse Terre) ou qu’on les attend un autre jour (Coeffin en provenance de Sainte Anne), entre les collègues qui avaient une convocation qui ne correspondaient pas aux élèves qu’ils devaient interroger, ou qui n’avaient pas de binôme (Gerville Réache, Nicolo), ou à qui l’administration avait fourni un billet d’avion pour Saint-Martin qui arrivait une heure après le début théorique de l’épreuve, on peut s’attarder sur les collègues qui ont dû interroger leurs propres élèves (Leborgne en SES et en Théâtre), générant une rupture d’équité entre les candidats ! On peut aussi noter les établissements qui avaient oublié de prévoir un surveillant pour la préparation des candidats au grand oral (Gerville Réache), des collègues qui ont une convocation à qui l’on demande de venir le lendemain (Jardin d’Essai), des collègues que l’on fait venir en urgence pour interroger au grand oral, pour leur dire que finalement ce sera peut-être un autre jour, toujours sans convocation (Marie Galante).

Parlons des collègues de Lettres et de philosophie, pour lesquels le ministre avait donné consigne qu’ils ne soient pas de surveillance à l’ensemble des recteurs ! Mais vous, Madame la Rectrice, vous êtes au-delà les consignes d’un ministre ! Et vous avez décidé de punir une partie des collègues de ces deux disciplines en les faisant surveiller ET corriger ! Sans parler des conditions d’examination à l’oral ! Malgré dix années d’interpellations systématiques, vous persistez à ne pas donner les moyens aux examinateurs de pouvoir ne serait-ce qu’une fois par demi-journée, aller aux toilettes ! Vous parlez de bienveillance, mais vous n’êtes même pas capable de fournir de l’eau aux examinateurs !

Et l’on arrive au diplôme national du brevet ! L’organisation n’a pourtant pas changé depuis des années ! Et pourtant ! Bien que l’on sache depuis le 30 avril qu’il faudra des correcteurs en SVT, vous trouvez le moyen de les convoquer moins de 48 heures à l’avance madame la Rectrice ! C’est tout simplement ignoble ! Insultant ! Insupportable ! Vous jouez sur la culpabilité des collègues ! Avez-vous pensé au collègue qui s’occupe de son enfant en bas âge tous les vendredis matin, comme son emploi du temps le permet et qui n’a pas de solution de garde cette matinée-là ?

Aujourd’hui même, une collègue, mère de trois enfants, a reçu une convocation pour demain 8h ! Avez-vous pensé au collègue qui garde un parent avec la maladie d’Alzheimer tous les vendredi matin ? Vous pensez que ces gens vont trouver une solution en 48 heures ?

Et que dire des conditions de correction de ces collègues ? Il faut prendre des précautions sanitaires, donc nous sommes en visioconférence, mais par contre, vous légitimez une double correction totalement non réglementaire (avez-vous prévu de la rémunérer, ou envisagez-vous de rétablir le travail imposé gratuit ? Dans cette académie, il prend un sens TRÈS particulier !), Madame la Rectrice, sans avoir envisagé une seule seconde, les risques de contamination par le covid ? Qu’allez-vous faire pour désinfecter les copies qui vont circuler d’un correcteur à un autre ?
Pour les collègues de français, vous inventez désormais des astreintes obligatoires, sans rémunération ni convocation ! Tous les collègues de français devraient être dans leur établissement sans convocation ! Savez-vous qu’ils ont droit à une vie privée, et que contrairement à vous, Madame la Rectrice, ils ne sont pas hauts fonctionnaires, ils n’ont ni le salaire ni les primes pour être mobilisables 24h/24 ?

Et que dire de ces collègues de technologie convoqués pour corriger l’épreuve de sciences du brevet ? Est-ce encore normal Madame la Rectrice ? Vous méprisez donc à ce point les enseignants et leur formation disciplinaire ?

Nous vous avons interpellé dès hier, mais manifestement, les conditions de travail des collègues dont vous avez la responsabilité, et leur santé ne vous préoccupent absolument pas ! Vous allez passer en force ! C’est inadmissible !

Les chefs d’établissements ont compris votre incapacité à convoquer suffisamment
les correcteurs et prennent l’initiative d’inviter les collègues à venir dans leur établissement (comme à Rémy Nainsouta). Quid des accidents de parcours ?

Venons-en enfin à cette CAPA qui se maintient cette année. Comment expliquer, madame la Rectrice, que le système d’échanges prévu dans l’application SIAE entre les collègues et les évaluateurs ne fonctionne pas dans notre académie ? Pourquoi ni les chefs d’établissement ni les IPR n’ont accès aux remarques des collègues, ce qui permettrait une fluidité, un échange professionnel et éviterait sans aucun doute d’arriver à des contestations par le dialogue ?

Pourquoi des collègues qui ont suivi toute la procédure, voient leur dossier disparaître par vos soins, Madame la Rectrice et qu’il faut l’intervention des organisations syndicales pour que les collègues puissent faire valoir un recours qu’ils ont fait en temps et heure, et adressés en temps et heure à vous ?

Tous ces dysfonctionnements créent de la frustration, de l’aigreur, de la souffrance au travail ! Votre absence d’humanité, votre absence de management, Madame la Rectrice, mettent en difficulté l’académie ! Tous vos séminaires sur la gestion des ressources humaines demeureront vains tant que vous resterez enfermée dans votre tour d’ivoire, et que vous considérerez les collègues comme quantité négligeable !

Votre légèreté face aux conditions de travail et de rémunération des agent·es a pour exemple un collège qui se voit amputé de 1950 € sans explication ni notification. Aucune réponse ne nous est parvenue. Vous mettez dans la précarité financière un père de famille sans que cela ne vous émeuve.

Un certain nombre de collègues, ayant évalué les oraux du DNB, nous ont écrit afin d’être rémunéré comme le prévoit la réglementation. Encore une fois pas de réponse de votre part, signe de votre mépris.

Nous nous retrouvons aujourd’hui pour examiner les recours individuels effectués par les collègues, relatifs aux avis donnés lors des rendez-vous de carrière.
Le SNES-FSU rappelle que le gouvernement, à travers sa loi dite de transformation de la fonction publique a mis fin à plus de 70 ans de paritarisme, symbole du dialogue social dans la fonction publique.

Ce paritarisme a été mis en place pour que la carrière des agent·es ne soit plus dépendante des politiciens mais au service des usagers.

Les élu·es du personnel n’ont plus accès aux documents liés à la gestion des personnels (mutations, promotions, etc.) qui donnent une vision d’ensemble permettant de corriger les erreurs et d’en améliorer les résultats pour le bien des personnels et des usagers. C’était aussi un gage d’équité de traitement et de transparence.

Ce système qui a fait ses preuves, a été détruit par le gouvernement. Il bouleverse les modalités de gestion des personnels en les rendant aux yeux des collègues opaques et arbitraires.

Cette opacité est amplifiée par la difficulté que l’administration met à e que les recours parviennent jusqu’à la CAPA.

De l’impossibilité de saisie des observations des agent·es, aux non-réponses des IPR et chefs d’établissements (mais sont-ils seulement notifiés qu’ils doivent répondre ?), des non-réponses aux différentes étapes, tout est fait pour décourager les collègues de faire valoir leur droit.

Ce mépris du gouvernement envers ses personnels ne nous étonne pas d’un gouvernement dont chaque mot, chaque mesure reflète sa haine d’une école émancipatrice au service de toutes et tous. En réduisant la capacité d’intervention des élu·es du personnel, le gouvernement réduit les droits et les possibilités de dialogue de ses fonctionnaires qui se retrouvent isolés. Il ne reste aux collègues que la possibilité de contester individuellement pour espérer obtenir des informations de l’administration.

Comme dit lors des CAPA précédentes, la très grande majorité des collègues s’investit pour la réussite de leurs élèves avec, pourtant, des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader d’année en année. Les démarches de nos collègues pour contester l’avis global sont profondément ancrées dans la volonté de considération et de prise en compte du travail réel. Nous redisons ici que cette nouvelle évaluation ne doit pas être ressentie comme injuste par les collègues et devenir une source de rancœur et de démobilisation. Ce serait un échec de plus à l’heure où la colère est grande. Or, la plupart des collègues expriment, encore cette année, dans leur saisine écrite une incompréhension des éléments retenus par les notateurs primaires, ainsi qu’un décalage entre l’appréciation finale et les items.

Pour le SNES-FSU, l’avis final de la Rectrice doit être en adéquation avec les avis des évaluateurs primaires. Nous souhaitons donc que cette CAPA puisse corriger les positionnements sur les items de la grille et l’avis final des dossiers étudiés, en se fondant sur des éléments objectifs. Lors des deux dernières CAPA, nous dénoncions les quotas que l’administration s’était fixés sur les appréciations recteur « excellent » alors même qu’aucun texte ne l’y obligeait et à plus forte raison sur le 3ᵉ rendez-vous de carrière. S’il y a plus de 30 % de collègues « excellent », on devrait plutôt s’en réjouir. Que diraient des parents à qui l’on expliquerait que, bien que leurs enfants soient excellents, on va les noter défavorablement car il y en a assez qui ont de bonnes notes ?
Les constats que nous avions faits ces deux dernières années et sur lesquels l’augmentation du quota d’appréciation « excellent » vient nous donner raison confirment de la même manière nos revendications sur l’évaluation de la valeur professionnelle : en effet, pour le SNES-FSU, l’évaluation de la valeur professionnelle d’un agent n’a pas à être influencée par des quotas qui sont la cause d’injustice dans le résultat final du processus du rendez-vous de carrière.
Aucun quota ne doit exister et limiter les avis des évaluateurs tout au long du processus d’évaluation. Les contingents de promotions dans la carrière ne doivent donc pas piloter l’évaluation des enseignants, c’est bien pour cela que le SNES-FSU revendique toujours la déconnexion totale entre l’avancement et l’évaluation des enseignants, avec une carrière accélérée pour tous sur les trois grades.

Pour être complets dans notre analyse de la situation, nous avons aussi quelques demandes supplémentaires :

  • Lors de la CAPN de recours destinée aux collègues en poste hors académie, le ministère a, cette année encore, adopté une position simple et juste : une majorité d’avis « excellent » entraîne immanquablement un avis « excellent ». Nous demandons qu’il en soit de même au niveau académique.
  • Nous demandons aussi un accès à l’ensemble des dossiers des collègues qui ont eu un rendez-vous de carrière. En effet, les compétences de cette CAPA ne peuvent s’exercer pleinement que si vous nous donnez les moyens de vérifier qu’il n’y a pas eu d’erreur dans l’appréciation de situations similaires.
  • De même, pouvez-vous nous préciser le nombre de collègues ayant obtenu une réponse favorable à leur recours gracieux et pour quel type de recours (AC vers S, S vers TS…) ?

Vous comprendrez que les réponses à ces demandes n’ont rien d’anecdotique aux yeux de la profession.

Enfin, nous attendons toujours votre décision concernant la collègue qui a porté plainte pour harcèlement contre un chef d’établissement ! Les collègues souffrent mais n’oublient pas ! Le SNES-FSU est à leurs côtés !