
Texte Action, conseil académique de la section académique de la Guadeloupe du vendredi 20 juin 2025
Violences dans les établissements scolaires dans l’académie de la Guadeloupe
La communauté éducative est une nouvelle fois endeuillée par l’assassinat deMélanie Grapinet, assistante d’éducation, sur son lieu de travail. Ce drame d’une extrême gravité rappelle encore une fois à quel point les personnels de l’éducation sont exposés, souvent sans protection suffisante, ni soutien de la hiérarchie.
En Guadeloupe, la situation est également très préoccupante. Nous constatons une recrudescence inquiétante des faits de violence au sein même des établissements scolaires.
Les équipes éducatives doivent faire face à des bagarres entre élèves, à des comportements d’intimidation ou de défiance à l’égard des enseignants, à des agressions envers les AED (comme en janvier 2025 au collège de Front de Mer) ou encore à des menaces de mort proférées contre un professeur, notamment au lycée Jardin d’Essai le 21 mai 2025. Aux abords des établissements aussi, la violence est présente :
- un élève a été menacé au collège Félix Éboué (12 mai 2025)
- un autre attaqué au couteau près du collège Saint-John Perse (20 mai 2025).
- un élève armé d’un couteau au collège Rémy Nainsouta (mai 2025) a provoqué le déclenchement d’une alerte intrusion.
Certains de ces événements ont été relayés par la presse, mais beaucoup restent tus. Aucun établissement ne semble aujourd’hui épargné. Face à cette montée de la violence, il est urgent que l’institution prenne la mesure de la gravité de la situation et mette en place de véritables moyens pour protéger les élèves comme les personnels.
Des moyens pour l’Académie de Guadeloupe à la hauteur des ambitions
Depuis une décennie, les moyens attribués à l’académie de Guadeloupe sont calculés sur une base démographique. Si le nombre d’élève baisse, les moyens baissent. Les élèves, parents d’élèves ou personnels de l’éducation tirent la sonnette d’alarme mais le bruit ne semble pas parvenir jusqu’aux oreilles du Ministère.
La Rectrice de l’académie de la Guadeloupe n’a cessé, jusqu’à son départ, de brandir triomphalement le meilleur taux d’encadrement de France sans que soit pris en compte les spécificités de notre académie. La victoire est bien amère lorsqu’on le compare aux autres victoires académiques : taux d’illettrisme des 18- 65 ans à 16%, plus d’un quart des jeunes après 16 ans ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation.
Cette année encore, l’ensemble des partenaires de l’éducation, syndicats enseignants, fédérations de parents d’élèves et élèves se sont fortement mobilisés pour s’opposer aux suppressions de classes pour la rentrée 2025.
Le Snes-Fsu Guadeloupe demande que soit enfin pris en compte par le Ministère la situation sociale et scolaire préoccupante de notre académie avant que celle-ci ne bascule dans des difficultés plus graves :
- Nous demandons que l’Indice de Position Sociale des élèves de notre académie soit enfin pris en compte.
- Nous demandons que l’ensemble des établissements scolaires dont l’IPS est inférieur à la moyenne nationale (105) soient enfin classés dans le Réseau d’Education Prioritaire Renforcé.
- Nous demandons que les classes de 6ème soient plafonnées à 20 élèves et 24 pour le cycle 4.
- Nous demandons que les pondérations en lycée et post-bac soient intégrées dans le calcul des dotations.
- Nous demandons que la préparation de la rentrée 2026 dans l’académie de Guadeloupe ne soit pas encore synonyme de chaos.
Un bâti scolaire à deux vitesses, une urgence éducative et sociale
Le Conseil régional se félicite de l’investissement colossal de 170 millions d’euros engagé pour la rénovation de la cité scolaire de Baimbridge, incluant le lycée de Baimbridge et le LPO Chevalier de Saint-Georges. Si cet effort massif semble aller dans le bon sens, il ne sert qu’à masquer la situation alarmante dans laquelle se trouvent la majorité des lycées et des 66 autres établissements scolaires du territoire.
En effet, les personnels, les élèves et les usagers sont confrontés à un délabrement des bâtiments scolaires, en particulier dans les lycées construits il y a plus de 30 ans. Une enquête rapide que nous avons menée auprès de nos militants confirme ce que chacun constate au quotidien : fuites, infiltrations d’eau, bâtiments en préfabriqués détériorés, plafonds menaçant de s’effondrer, espaces fermés pour cause de dangerosité… Aucune planification transparente ni efficace n’est mise en œuvre par les collectivités locales pour l’entretien régulier et les réparations indispensables dans ces établissements. Ce laisser-aller constitue une mise en danger manifeste de la communauté scolaire de notre académie.
Du côté des collèges, le constat est tout aussi préoccupant : des bâtiments vétustes, un manque criant de réparations, et une absence de stratégie de sécurisation face aux risques d’intrusion ou de cambriolage. La majorité des collèges ne sont toujours pas aux normes sismiques, un comble en zone fortement exposée aux risques naturels. Là encore, les personnels dénoncent l’inaction prolongée des autorités responsables.
Autre problème majeur : la gestion de la chaleur dans les établissements. En dehors de rares opérations d’isolation dans quelques collèges, aucune politique globale n’a été mise en place pour adapter les bâtiments au réchauffement climatique. Dans les salles de classe, les températures deviennent invivables, nuisant gravement aux conditions d’apprentissage et de travail.
Enfin, la question de l’accès à l’eau reste non résolue dans nombred’établissements : coupures fréquentes, citernes absentes ou malentretenues, gestion inadéquate. Ces dysfonctionnements récurrents empêchent le bon déroulement de la vie scolaire.
Face à cette situation inacceptable, le SNES-FSU Guadeloupe exige :
- Un état des lieux complet, public et partagé de l’état des bâtiments scolaires du secondaire.
- La mise en œuvre d’un plan pluriannuel d’investissement transparent et concerté, pour l’ensemble du territoire.
- La prise en compte des besoins spécifiques liés au climat, 98 à la sismicité et à la sécurité dans chaque projet.
- La consultation réelle des équipes éducatives sur les priorités et besoins en matière de bâti scolaire.
L’éducation ne peut se faire dans des bâtiments délabrés et sans équipements numériques fonctionnelles. Laisser se dégrader les établissements scolaires coûte plus cher qu’un entretien régulier et préventif. Le respect des personnels et des élèves passe aussi par des conditions d’accueil dignes et sécurisées. Il est temps d’en finir avec les effets d’annonce et de passer à une véritable politique d’investissement équitable pour tous les établissements scolaires de Guadeloupe.