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Intervention au congrès national du SNES du mandat sur le Créole adopté dans notre académie

mercredi 4 avril 2018, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Je commencerai par une citation de Michel Serres : « Les langues sont un trésor et véhiculent autre chose que des mots. Leur fonction ne se limite pas au contact et à la communication. Elles constituent d’une part des marqueurs fondamentaux de l’identité, elles sont structurantes, d’autre part, de nos perspectives ». L’importance du créole dans notre société guadeloupéenne est donc bien primordiale et le développement de son enseignement apparaît comme une évidence !

Mais notre section académique dénonce la double instrumentalisation dont il est actuellement victime. La première consiste à l’enfermer dans le carcans d’un territoire pour en faire une langue fermée, repliée sur elle-même, rabougrie au lieu d’être une langue ouverte sur la Caraïbe. L’entêtement à enseigner un « créole guadeloupéen pur » si tant est qu’il ait existé un jour transforme cette langue vivante parlée et comprise dans toute la Caraïbe en un enfermement avec une visée politique bien vile !

La seconde est mise en œuvre par le rectorat pour utiliser la LVR créole en série de relégation depuis le collège.

En effet, le rectorat de Guadeloupe développe des classes bilangues anglais créole, mais ces classes n’ont pour l’instant qu’un seul débouché : les lycées professionnels puisque le créole LV2 n’est à l’heure actuelle pas enseigné dans les LGT. Le rectorat affirme vouloir développer le créole en LV2 dans les LGT. Ce n’est pas une réponse satisfaisante à la problématique !

L’accès à l’enseignement supérieur sera toujours fermé pour ces élèves qui auront fait le choix de choisir le créole en LV2. Derrière le paravent de développer le créole, il y a clairement l’idée d’un tri social. Les élèves qui choisissent le créole en LV2 sont le plus souvent les élèves issus des classes populaires, à qui l’on oublie soigneusement de donner les implicites d’un tel choix !

Au SNES nous disons : oui au développement de l’enseignement du créole, mais développons une réflexion globale sur son implantation au risque de le transformer en un tri social déguisé dès la classe de 5ème !