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Mobilisation contre la retraite par points

jeudi 28 novembre 2019, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés

Problème de pédagogie : le gouvernement s’échine à expliquer que c’est une question de méthode, fait circuler divers scénarios ; las, l’opinion publique ne s’y trompe pas et a bien compris que ce projet de réforme par points entraînera une dégradation générale des pensions et, par conséquent, un nouvel allongement de la durée d’activité, pour échapper à la misère.

Sous couvert de justice et d’équité, c’est ?un alignement par le bas que la réforme organise et qui, loin de corriger les inégalités déjà engendrées par la précédente réforme de 2003, les aggravera.

Omettant de préciser que la valeur du point fluctue en fonction de la conjoncture économique, imaginant maints scénarios de compensation pour ?atténuer les pertes dans un futur hypothétique, en ?particulier pour les enseignants lourdement touchés, le gouvernement essaie de désunir la contestation, tente de diviser.

En vain ! Le 5 décembre sera une date marquante dans la construction d’un large mouvement social, marqué par la volonté de défendre les solidarités, l’amélioration de garanties collectives face à une réforme qui renverrait chacun à des choix individuels et contraindrait à accepter une faible pension ou un départ tardif en retraite. Plutôt que de livrer la protection sociale aux appétits du marché, c’est ?plus de solidarité que réclament salariés et retraités, depuis des mois.

Alors le 5, soyons massivement en grève et dans la rue !

Pourquoi une réforme ?

Le gouvernement présente cette réforme comme l’application d’un système universel mais, le véritable objectif, c’est d’imposer un système à points qui fera perdre et de limiter la part des retraites pour tout le monde.

Un système pas si inégalitaire

Toute la communication du gouvernement est dénoncer un système inégalitaire sur le mode de calcul de la retraite :

  • les 25 meilleures années pour le privé ;
  • les 6 derniers mois pour le public.

Présenté comme cela, il est évident qu’il y a une injustice, sauf que quand on regarde les faits, d’après une étude de l’INSEE de 2017, les pensions des fonctionnaires représentent 72,1 % du dernier salaire contre 73,8 pour les salariés du privé.

Donc, malgré un calcul différent et prétendument à l’avantage des fonctionnaires, nous sommes en fait moins avantagés.

L’argument de l’égalité tant vanté n’est donc pas la véritable raison de cette réforme.

Les régimes spéciaux, les fonctionnaires : boucs émissaires

L’existence des régimes spéciaux liée à l’histoire, corporations qui avaient déjà un système de retraite avant la généralisation de la retraite par répartition en 1945.

Les régimes spéciaux représentent seulement 3% des salariés. En déficit aujourd’hui car ces métiers sont mis en extinction par les différentes réformes et suppressions d’emplois (EDF, SNCF...).

Les fonctionnaires n’ont pas de meilleures retraites que les salariés du privé malgré des règles de calculs différentes.

Le gouvernement et Emmanuel Macron veulent opposer les salariés entre eux, jouer la division pour faire passer cette réforme et faire oublier qu’elle est défavorable à tous.

Pire, les salariés du privé qui ont des petites retraites, à cause de la faiblesse des salaires et des carrières discontinues, n’auront pas de meilleures retraites au contraire :

Une personne présentant les mêmes caractéristiques et née en 1990 (appelons-là Julien) recevrait une retraite représentant 64,8 % de son dernier salaire, soit une baisse de son taux de remplacement de 21 % par rapport à la situation actuelle.

Collectif Nos retraites — Troisième exemple : Jules et Julien, employés au SMIC toute leur carrière à temps plein

En plus de réduire nos pensions, elle ne va pas améliorer celle de ceux qui en ont une plus faible que nous.

Le site etmaretraite.fr : évaluer combien vous perdrez !

Le SNES-FSU a mis en place un simulateur pour les différents status : Certifié, Agrégé, Certifié prof doc & Psy-EN et CPE.

Le site est en ligne : https://www.etmaretraite.fr/ n’hésitez à nous envoyer vos simulations : sur notre page facebook.

Jean-Paul Delevoye a refusé de s’exprimer sur ce simulateur, ce qui veut dire qu’il ne met pas en cause les calculs sinon il aurait sauté sur l’occasion.

Pas que les retraites, les salaires aussi

En 2020, la retenue pour pension sera de 11,1% (augmentation de 41% depuis 2010).

Dans le projet Delevoye, elle passerait à 11,27% : le traitement indiciaire net va donc encore diminuer.

Dans la Fonction publique, une transition longue est prévue pour porter les cotisations à 28% sur les primes (aujourd’hui cotisation RAFP 10% pour les primes jusqu’à 20% du traitement indiciaire brut et 0% au delà), mais le net des indemnités va diminuer.

Pour les contractuels, 5% de diminution du traitement indiciaire car leurs cotisations retraites sont plus importantes.

Et pour l’outre-mer ? une universalité pas pour tout le monde !

Alors que le rapport ne parle que d’universalité, la seule page qui concerne les outre-mers, vient mettre à mal cette affirmation.

Une ordonnance précisera les adaptations nécessaires pour l’application du système universel en Outre-mer

Le système universel de retraite a vocation à s’appliquer aux départements et régions d’Outre-mer. Les dispositions de droit commun en matière de sécurité sociale s’appliquent en effet directement à la Réunion, la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Barthélemy et Saint-Martin. Certaines spécificités propres à ces territoires, notamment en matière de cotisations ou concernant certaines règles de comptabilisation des droits à retraite, seront toutefois à prendre en compte.

Par ces trois phrases, le rapport permet l’exclusion de la prime de vie chère (les 40%) du système universel. Un système universel mais pas pour nous ! Il ne dit rien non plus du tiers-dom. L’universalité, ce n’est que pour baisser les pensions !

Des nouveaux régimes spéciaux

Alors que le gouvernement crie haro sur les régimes spéciaux, il a déjà décidé que certains ce seraient pas dans le système universel :

La mobilisation ? les syndicats ?

Depuis le début de son mandat, le gouvernement fonce tête baissé pour tout ce qui concerne l’affaiblissement des droits des salariés du privé et la liquidation du programme du Conseil National de la Résistance qui a fondé et guidé la Fonction Publique telle que nous la connaissons.

Il fonce tête baissé et il fonce seul. Il n’y a plus de discussion avec les organisations de travailleurs.

Les syndicats seuls ne gagneront rien : lors des dernières réunions avec le comité Delevoye : il nous a été répondu que tout était renvoyé après le 5 décembre.

C’est-à-dire que celles et ceux qui pensent s’exonérer de mobilisation en espérant sur les autres (les militants syndicaux, les grévistes et les manifestants) se mobilisent à leur place jouent le jeu du gouvernement.

Seul le rapport de force le fera céder, et ce rapport doit être massivement en notre faveur.

La grève, les blocages (...), nous devrons montrer notre détermination dès le 5 décembre mais sans doute aussi après.

  • Si, dans les prévisions, vous perdez 500€ tous les mois, cela veut dire que vous perdrez 6000€ par an ;
  • Un jour de grève, c’est autour de 100€ de moins (votre salaire mensuel divisé par 30) ;
  • Vous pouvez donc annoncer faire 40 jours de grève cette année, vous perdrez quand même moins ce que cette réforme nous promet !

Nous espérons évidement que nous n’aurons pas à parvenir à de telles extrémités mais déjà les syndicats de la SNCF, la RATP ont appelé à la grève reconductible. C’est aussi ainsi que nous mettons la pression : annoncer partout que nous ne reculerons pas !

Comment on fait grève ?

  • Réponse simple : on ne vient pas en cours et puis c’est tout. Il n’y a pas contrairement aux collègues du premier degré (affectés dans les écoles) de déclaration d’intention à remplir.
  • Réponse complète : on vient à l’établissement très tôt le matin pour montrer la mobilisation collective avec des banderoles, des drapeaux ... C’est un moment de rassemblement qui se fait dans l’unité. Ensuite, on covoiture jusqu’au lieu de rassemblement. L’objectif reste de construire le rapport de force. Et ce rapport passe par la médiatisation : tous les établissements scolaires fermés, c’est un rapport de force réussi mais si en plus il y a 10000 enseignants dans la manifestation, c’est encore mieux.

Si nou pas goumé, nou kuit’

Dans les autres pays

En Suède : deux fois plus de retraités pauvres

Depuis 1998, la Suède applique le système universel par points : conséquence deux fois plus de retraités pauvres qu’en France.

Une mobilisation gagnante à Chicago

À Chicago, la mobilisation de tous les enseignants pendant 11 jours a permis une augmentation des salaires et une réduction du nombre d’élèves par classe. Seul un rapport de force en notre faveur nous fera gagner. Aucun personnel ne doit manquer à l’appel à partir du 5 décembre. https://www.democracynow.org/2019/11/1/chicago_teachers_strike_ends

Tous les établissements bloqués le 5 décembre !

Toutes et tous dans la rue le 5 décembre !