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Le petit guide de survie à l’usage du correcteur d’E3C

vendredi 6 mars 2020, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Les E3C, objets d’évaluation non identifiés

Les E3C nous sont présentées comme une évaluation « formative », mais ne le sont d’aucune manière : ce ne sont pas nos élèves, nous n’élaborons pas les sujets selon notre progression, ne pouvons pas corriger avec eux car ne leur rendons pas les copies, qui de toute manière seront disponibles seulement pour l’élève sur la plateforme numérique.

Inutile donc, de s’efforcer de faire une correction type « évaluation formative » avec annotations et moult explications… corrigeons ces copies pour ce qu’elles sont : des évaluations sommatives (comme au bac !).

Cette année est pour nous tous une source infinie de stress, de fatigue voir d’épuisement psychique et physique par la charge de travail : nouveaux programmes irréalistes, nouvelles épreuves irréalistes, tout toujours dans l’urgence et les tensions.

Ne nous laissons pas gagner par l’épuisement qui est le but du managent que nous subissons.

Quelques propositions à l’usage du correcteur que tu es :

  • Le chef d’établissement fait les « lots » de copies qui font l’objet (pour l’année 2020 seulement !) d’une rémunération de 50€ brut/ lot… Aller le voir si les lots sont « inéquitables ». C’est également lui qui choisit qui corrige/ ou ne corrige pas.
  • Calcul simple : si les lots sont d’environ 30 copies (1 classe), la rémunération est de 1,66€ par copie. Soit 3 fois moins qu’une copie de bac à 5€. Et ce sans temps de correction imparti, ni barème. L’institution ne prévoit pas que tu t’épuises à une correction trop minutieuse. Ne t’empoisonne pas avec des détails.
  • Nouveauté : tu vas corriger sur l’application « Santorin », des copies d’élèves (presque toujours) de ton établissement. La correction sur écran de copies au stylo est désagréable. L’interface pour annoter les copies n’est pas ergonomique et rend les annotations pénibles.

Ce logiciel permet à tes supérieurs hiérarchiques ( direction d’établissement, IPR...) d’accéder à tes données personnelles, et même d’intervenir sur tes corrections en cours. Tu recevras de petits SMS t’informant que ton % de corrections faites est trop faible, ou que ta moyenne est inférieure à celle de tes collègues (!!!). Si tu es un correcteur rapide, tu as de fortes chances de voir ton lot augmenté de copies supplémentaires avant la date butoir.

Risques : si parents mécontents, possibles pressions sur le chef pour savoir QUI corrige. Risque de diffusion des corrections sur les réseaux sociaux et de diffamation.

⇾ PROPOSITION : pour éviter cette forme de « harcèlement » professionnel, et d’intrusion dans ton travail : Lis tes copies, NE LES ANNOTE PAS SUR SANTORIN mais sur une feuille à part (1) avec le numéro d’anonymat. Au dernier moment, rentre simplement appréciations générales (succinates) et note.
Si le chef d’établissement demande expressément des annotations, s’entendre entre collègues sur un code par lettres (b = bien c= confus, etc).
Si "Santorin" bug parce qu’on y est tous en même temps … photocopier la feuille (1) et la déposer au bureau du proviseur à la date butoir.

Autre nouveauté du bac Blanquer : les « commissions d’harmonisation » se feront désormais sans nous, avec les IPR et quelques enseignants « choisis ».
L’outil informatique leur permettra facilement de "remonter la courbe de Gauss" de 1, 2 ou 3 points pour atteindre la moyenne académique souhaitée. Encore une raison pour noter en ton âme et conscience, mais sans y laisser trop d’énergie.

⇾ PROPOSITION : afin d’estimer les interventions de la commission sur tes notes : ajoute à ton appréciation générale ta note entre parenthésé. Tu l’auras donc écrite 2 fois. Expl : 11/20 / Ensemble moyen, [...] (11/20).
Prends le temps de réfléchir : Qu’aimes tu dans ton travail ? Plutôt préparer tes cours ? Mets y la priorité ! Ne les fais pas entre 23h et 1h du matin, parce qu’avant tu corrigeais les E3C : c’est l’épuisement psychique garanti. Fais l’inverse. Gardons la maîtrise des critères de qualité de notre travail !
N’hésitons pas à recréer des collectifs de professionnels : PARLER, entre collègues, de ces évaluations d’E3C, de ses difficultés éventuelles...et de notre travail en général. Rien de pire que se sentir isolé dans son travail et face à la difficulté !

Secteur lycée du SNES-FSU Guadeloupe lycees@guadeloupe.snes.edu