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Déclaration liminaire de la FSU Guadeloupe, CTA du 7 mai 2020

jeudi 7 mai 2020, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Monsieur le Recteur,

Alors que le plan de déconfinement proposé par le président Macron, contre l’avis du conseil scientifique qu’il avait lui-même mis en place, et présenté au Parlement par le premier ministre a été refusé par le Sénat, il apparaissait primordial de prendre toutes les précautions nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire de tous.

Heureusement, de nombreux élus locaux, ont fait le choix de ne pas ouvrir les établissements scolaires le 11 mai, en région parisienne, en Normandie, et plus proche de nos territoires, en Martinique et en Guyane !

En Guadeloupe, l’ensemble des élus locaux, à l’exception de quatre maires, ont convenu que les conditions sanitaires n’étaient pas réunies sur notre territoire pour permettre l’ouverture des écoles.

Monsieur le Recteur, nous faisons face à une crise sanitaire d’une ampleur inconnue. Dans ces conditions Monsieur le Recteur, vous êtes certes le représentant de l’État, mais la charge qui vous incombe avant toute autre chose est d’être le digne représentant du service public d’Éducation nationale. Votre mission première est de garantir la sécurité des fonctionnaires dont vous avez la charge (enseignants, PSYEN, CPE, assistantes sociales, infirmières scolaires, administratifs, personnels ATEC, AED, AESH...), et de ses usagers, élèves et parents d’élèves.

Monsieur le Recteur, dans toutes les instances, dans tous les médias, vous avez fait honte au service public que vous représentez ! Tout n’a été que mépris, mépris pour la démocratie, mépris pour notre travail, mépris pour notre statut, mépris pour les instances paritaires et les représentants des personnels, plus grave, mépris pour notre santé et notre droit à la vie.

Y a-t-il de l’eau sur tout le territoire de la Guadeloupe ? NON !

Y a-t-il les classes dont la taille permet d’accueillir les 15 élèves tels que le prévoit le protocole ? NON !

Y a-t-il du gel hydro alcoolique dans les tous les établissements scolaires à dispositions des élèves, des enseignants, des agents, et des personnels de l’administration ? NON !

Y a-t-il des masques à disposition pour tous les agents du service public et des usagers ? NON !

Il n’est donc pas possible d’ouvrir les établissements scolaires dans l’académie de la Guadeloupe au 11 mai.

Pourtant, au lieu de siéger au CHSCT que vous avez convoqué mercredi 6 mai pour discuter des possibilités et conditions d’une reprise des cours en présentiel, en détaillant les stocks de masques, gels que vous avez provisionné, vous avez préféré aller faire un ménage avec un élu local pour une visioconférence Facebook !

Attitude méprisante pour la profession qui attendait de vous que vous soyez aux côtés de leurs élus à 5 jours de la date fatidique, mais attitude insultante pour votre fonction que vous avez salie en allant porter votre caution de Recteur à un maire qui prétend rouvrir physiquement ses écoles dans une commune où ce même édile fait distribuer de l’eau ce même jour à ses administrés faute de pouvoir en faire couler au robinet !

Pourtant, au lieu de vous grandir, comme l’ont fait quelques fonctionnaires dans l’Histoire, en affirmant que la santé des fonctionnaires dont vous avez la responsabilité et des usagers dont vous avez la responsabilité, passe avant une décision politique hâtive et irresponsable, vous faites le choix de vous répandre partout en dénigrant les fonctionnaires qui ont utilisé de leurs droits constitutionnels à s’opposer à un projet de loi rétrograde sur les retraites, et à s’opposer à d’insupportables suppressions de postes pour notre territoire à la rentrée prochaine !

Au lieu de vous grandir, en prenant de la hauteur sur les impératifs réels de notre territoire, c’est à dire réfléchir à la construction collective d’un véritable projet pédagogique pour la rentrée de septembre, avec des moyens supplémentaires pour dédoubler les classes, avec des moyens financiers extraordinaires demandés conjointement auprès de l’État et de l’Europe pour réduire la fracture numérique, vous faites le choix servile de vous répandre devant tous les micros que l’on vous tend pour expliquer que l’urgence est de mettre des élèves dans les classes le 11 mai quelque en soient les conséquences, parce que, « Le covid ne circule plus en Guadeloupe ! » avez- vous osé affirmé malgré un cas supplémentaire hier !

Monsieur le Recteur, vous n’avez pas la hauteur de vue de voir le travail formidable mené par les fonctionnaires de votre territoire pour assurer la continuité pédagogique ! Mais toujours ce mépris pour notre travail puisque le terme de « reprise » utilisé à chaque occasion est une nouvelle fois un déni de tout le travail accompli par les enseignants, les AED, les AESH, les Psy-scolaires, les CPE... pour assurer cette continuité pédagogique et éviter le décrochage scolaire. Et faut-il dorénavant penser que les écoles ne seraient que des garderies ?

Monsieur le Recteur, vous n’avez pas la hauteur de vue de constater qu’un retour dans les établissements le 11 mai serait une mise en danger délibérée des élèves, des enseignants, des agents et des administratifs, pour assurer quelques heures de cours dans des conditions déplorables !

Mépris pour la santé des élèves et des personnels qui aujourd’hui servent de cobayes pour un déconfinement à pas forcés voulu par le Président Macron.

Monsieur le Recteur, vous n’avez pas la hauteur de vue de respecter les choix politiques des élus locaux en matière d’éducation en envoyant votre doyen, avec les corps d’inspection multiplier les réunions en visio-conférence pour expliquer les moyens d’une reprise en présentiel le 11 mai, alors que le département et la région se sont exprimés pour une reprise au mois de septembre !

Mépris pour la démocratie puisque ces dernières journées, la communication rectorale, sur les réseaux sociaux et par l’intermédiaire des IA-IPR, a martelé la date du 18 mai pour une reprise des cours en collège. C’est ignorer totalement les conclusions de la CTAP qui affirmait qu’aucune rentrée n’était possible avant le mois de septembre. Ainsi le Recteur semble vouloir imposer son bon vouloir aux élus locaux comme à une époque révolue et pas si lointaine.

Alors que la mobilisation de vos fonctionnaires a permis de revenir sur 30 suppressions de postes dans le second degré et 16 dans le premier degré, suite à la venue de la mission de l’inspection générale, et que vous ne deviez supprimer que 26 ETP en lycées et collèges, la FSU Guadeloupe attend toujours les documents permettant de tenir le CTA postes second degré, qui ouvrira la porte à la recherche des mesures de carte scolaire dans les établissements scolaires de l’académie.

En reportant ce CTA postes à une date indéterminée, vous générez, Monsieur le Recteur un stress supplémentaire pour tous les fonctionnaires susceptibles d’être mesure de carte scolaire.

Selon les calculs de notre organisation syndicale, vous avez supprimé non pas 26 ETP comme le ministère vous le demandait, mais 60 ! Plus de deux fois plus que demandé, alors que votre académie est déjà largement sous dotée, et dont le nombre de non titulaires connaît une inflation démesurée !

Monsieur le Recteur, ce ne sont pas les mouvements sociaux de vos fonctionnaires, ce n’est pas le confinement qui génère de l’échec scolaire, c’est votre politique irresponsable ! Vous êtes le seul responsable des destructions d’emplois publics, contre les propositions même de votre ministre !

Monsieur le Recteur, le fonctionnaire que vous êtes, trahit sa mission qui est de servir les fonctionnaires dont vous avez la responsabilité et les usagers qui en dépendent !

Monsieur le Recteur, le fonctionnaire que vous êtes, trahit ses fonctionnaires en les dénigrant publiquement alors qu’ils assurent, sans moyen, la continuité pédagogique au prix de sacrifices personnels importants !

Monsieur le Recteur, le fonctionnaire que vous êtes, trahit la jeunesse guadeloupéenne en ne lui offrant pas les fonctionnaires qu’ils sont budgétairement en droit d’avoir à la rentrée prochaine !

Monsieur le Recteur, vos fourberies et vos trahisons n’ont que trop duré !

La FSU Guadeloupe nie le terme de reprise des cours, alors que les enseignants n’ont jamais cessé d’enseigner via la continuité pédagogique. La FSU Guadeloupe persiste à refuser tout cours en présentiel tant que les conditions sanitaires ne seront pas réunies !

Mépris pour notre statut puisque sous prétexte de réunions de coordonnateurs, les IPR ont annoncé devant des collègues médusés (mais la visioconférence ne pousse pas au débat) que nous allions devoir tout accepter : modification d’emploi du temps, groupes d’élèves ne correspondant pas à nos classes, double pédagogie (présentielle et à distance), qu’il allait falloir se détacher de nos obligations de service... Pire, certains IEN de circonscriptions demandent aux collègues de se rendre dans des écoles fermées par arrêtés par des maires et de recevoir en présentiel individuellement tous les parents d’élèves sans aucune garantie de désinfection régulière des salles qui seraient utilisés et de pratiquer de la délation tout en imposant bien sur l’enseignement à distance.

La FSU Guadeloupe n’attend plus rien du communicant qui se cache derrière le Recteur, elle attend que le Recteur qui est en poste agisse dans le sens du bien commun, de l’intérêt général, et non plus de ses petits intérêts courtisans au service d’une élite et de ses petites ambitions personnelles.

La FSU Guadeloupe a fait de multiples propositions pour permettre une rentrée de septembre de qualité, au service de la réussite des élèves !

Les commissaires paritaires de la FSU élus au CTA Guadeloupe.