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Texte du conseil académique du SNES-FSU Guadeloupe

dimanche 20 septembre 2020, par Bureau SNES-FSU Guadeloupe

Situation générale

Le refus total de préparer la rentrée scolaire de manière sérieuse, à tous les échelons de la hiérarchie administrative, le refus de tout dialogue social avec les organisations syndicales sur l’élaboration de scénarios prospectifs durant l’été a conduit inéluctablement à la rentrée catastrophique que nous connaissons, marquée par une croissance des cas avérés de COVID19, les fermetures nombreuses d’établissements scolaires et l’incapacité de l’administration à fournir une réponse claire, transparente et mobilisatrice, tant pour les personnels que pour les élèves.

Le gouvernement, le préfet de la Guadeloupe et la nouvelle rectrice s’enferre dans une politique affichée de fuite en avant, faisant fi des constats de terrain. La seule ligne directrice semble être : servons-nous de l’école pour garder les enfants à tout prix que les parents puissent aller renflouer l’économie et accroître les bénéfices des grandes entreprises et les dividendes des actionnaires !
Situation locale

Depuis le mois de juin, l’intersyndicale interprofessionnelle n’avait eu de cesse d’alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur les risques forts de contamination globale de la population si des mesures drastiques n’étaient pas prises pour protéger notre territoire, pour une fois favorisé par son isolement géographique. Les demandes visaient à des tests massifs de la population et à une quatorzaine stricte pour tous les entrants sur le territoire.

Malheureusement, le préfet, de concert avec les collectivités locales, ont fait le choix de servir le MEDEF et les intérêts économiques plutôt que de protéger la population. À l’heure actuelle, le virus circule activement en Guadeloupe, si bien qu’il a été classé département rouge dès la fin août, et le CHU, en piteux état, a dû déclencher le plan blanc, les urgences étant saturées.

Dans le même temps, la situation de l’eau n’a cessé de se dégrader, au rythme des non prises de décision par les collectivités locales, si bien qu’en cette rentrée, en plus des tours d’eau habituels, en plus des ruptures de plus en plus fréquentes de canalisation, en plus des coupures liées aux travaux sur le réseau, il faut désormais ajouter des coupures liées aux grèves des personnels du syndicat de l’eau.

Droits et libertés

Depuis quelques années et plus encore depuis que Macron fait du séparatisme l’alpha et l’omega de sa réélection, l’extrême-droite va toujours plus loin dans sa parole raciste et xénophobe. Les quelques exemples récents (Danièle Obono, députée, caricaturée en tant qu’esclave ; Anasse Kazib, syndicaliste, menacé de mort par un responsable du RN ...) démontre sa stratégie d’aller toujours plus loin dans l’innommable.

Le SNES et la FSU doivent soutenir de façon ferme et rapide les victimes du racisme.

Situation dans l’Éducation

La rentrée scolaire a déjà été plombée par l’ancien Recteur Fourar qui, loin de tenir ses promesses de sortie de grève, a supprimé, avec la complicité des responsables du rectorat, plus de postes que n’en demandait le ministère, et refusé de classer les 8 établissements qui faisaient consensus en REP+. À cette rentrée tendue par des postes manquants, se sont ajoutées, l’incapacité de l’administration à préparer correctement la rentrée en prenant du retard tant sur les mutations que sur les affectations des quelques remplaçants de notre académie.

Dans ces conditions, les classes sans enseignant sont nombreuses en cette rentrée et la multiplication des cas de COVID19 dans de nombreux établissements, va aggraver cette réalité malgré le transfert d’enseignants du premier au second degré.

Les masques qui ont été fournis par l’administration, lavables en théorie une vingtaine de fois, se détendent dès les premiers lavages, les rendant totalement inopérants, quand ils ont été distribués aux enseignants ! Outre la piètre qualité et la protection plus qu’aléatoire de ces masques (des collègues qui portaient le masques semblent avoir été contaminés par des élèves portant eux-mêmes un masque), les conditions de travail des enseignants sont fortement dégradées par des températures dépassant 35° dès 8h le matin.

Enseigner avec un masque est une difficulté non négligeable, mais faire respecter le port du masque pendant des demi-journées entières à des élèves s’apparente plus à des brimades qu’à du travail ! Et ce d’autant que l’exiguïté des salles rend toute distanciation sociale impossible.

Quand on ajoute la multiplication des coupures d’eau, l’enseignement devient tout bonnement impossible, malgré les injonctions du préfet et de la rectrice qui « veulent que les enfants aient accès à l’éducation après 6 mois de coupure ». Ils veulent mais ne donnent pas les moyens ! Tous les établissements n’ont pas de citerne reliée au réseau, mais surtout, les citernes ne peuvent répondre à des coupures supérieures à 24 heures !

Concrètement, des dizaines d’établissements scolaires sont fermés en ce début d’année faute de pouvoir fournir de l’eau. Les cas de COVID dans les établissements se multiplient sans que l’administration ne prenne de décision forte et concrète. La politique du secret semble de mise avec la nouvelle rectrice qui semble envisager de camoufler les cas de COVID.

Les collectivités locales ne se sont pas substituées à la décision inique de l’État de ne pas fournir des masques à tous les élèves. Notre territoire est pourtant un de ceux dont le taux de pauvreté est le plus important (90 % des établissements sont sous l’IPS moyen de la France) et en Guadeloupe , les commerçants appliquent toujours la pwofitasyon : les masques coûtent deux fois plus cher qu’en France.

Pas d’eau pour le lavage régulier des mains, pas de masques pour les élèves, la situation covid explose : On peut raisonnablement s’attendre une aggravation de la situation dans les prochaines semaines, nous sommes déjà le département ayant le plus fort taux d’incidence (229).

Les élèves actuellement en terminales n’ont toujours pas de manuels. Ils n’en n’avaient pas ni en première, ni en seconde.

Le dispositif une salle une classe, imposé sans aucune raison sanitaire, n’a été le révélateur des manques de dotations d’épiquement pédagogiques, peu d’ordinateur, de vidéoprojecteurs, de tableaux numériques. Les inégalités continuent de se creuser entre la Guadeloupe et la France, à l’intérieur de notre académie et parfois même dans les établissements.

La réforme du lycée a engrainé un grand nombre de suppression de postes ayant pour conséquence des classes sans enseignant. Contrairement à ce qu’a annoncé le ministre sur la liberté de choix des spécialités et des options, de nombreux élèves se sont retrouvés dans que leurs choix d’option aient été respectés pour des administratives, modifiant leur projet d’avenir. Parcoursup, comme nous le craignons, continue d’exclure les élèves des études post bac pour les filières les moins prestigieuses.

Les E3C doivent être supprimés pour être remplacées par des épreuves nationales et terminales garantes de la valeur du diplôme et non par du contrôle continu qui différencie le diplôme suivant les établissements scolaires.
Action

Le SNES-FSU Guadeloupe revendique un plan d’urgence de l’État sur notre territoire de Guadeloupe :

  • La réunion d’urgence d’un Comité Technique Académique pour adapter le protocole national à la réalité locale.
  • un plan d’urgence sanitaire pour accroître les capacités en réanimation du CHU et faire face à l’extension des cas de COVID19.
  • un plan d’urgence pour doter toutes les familles et tous les personnels de masques FFP2.
  • un plan d’urgence de l’eau pour doter tous les établissements scolaires de citerne et financer les réparations nécessaires à la fourniture d’eau potable au robinet à toute la population.
  • un plan d’urgence numérique en donnant les moyens de résorber les zones grises sans réseau Internet
  • un plan d’urgence numérique éducation en fournissant à tous les élèves un ordinateur et une connexion Internet pour préparer l’éventualité de cours en distanciel.
  • un plan d’urgence pour l’éducation en donnant une prime annuelle de 1 000€ à tous les enseignants pour se doter de matériel informatique, d’une connexion Internet, et des consommables de base, nécessaires à l’enseignement et au télétravail.
  • un plan de recrutement dans l’urgence et de formation de personnels AESH pour répondre aux besoins spécifiques des élèves.
  • un plan de recrutement dans l’urgence de personnels pour permettre à tous les élèves d’avoir des enseignants face à eux pour enseigner et des personnels remplaçants en cas de maladie d’un titulaire. Il y a moitié moins de stagiaires en Guadeloupe par rapport à l’année dernière, il faut créer des listes complémentaires dans toutes les disciplines, et admettre tous les admissibles particulièrement nombreux dans notre académie.
  • que les moyens octroyés pour la remédiation des mois de septembre et octobre soient consacrés pour créer des classes, créer des groupes afin d’alléger les effectifs sur toute l’année. Il y a des moyens, il faut qu’ils soient utilisés de façon pérenne et au service de la réussite des élèves.
  • le classement de l’ensemble de l’académie en REP+ pour répondre aux besoins des élèves